A l’aplomb de la proue d’un bateau émergeant de terre, deux jeunes architectes dirigent leur équipage naviguant d’un bout à l’autre du jardin, les bras chargés de plantes.
Albane Poirier et Juliette Guénard, fraîchement diplômées de l’école de la Nature et du Paysage de Blois sont venues du 9 au 11 mai à la Saline Royale afin de réaliser leur projet, aidées par les élèves et professeurs du CFA agricole Les Fins. Toutes deux affectionnent beaucoup le neuvième art, ainsi le thème de cette 16ème édition du Festival Univers de Bande-dessinée les a évidemment inspirées, puisqu’il fait la part belle à l’imagination et à l’interprétation, tant au niveau de l’histoire que des visuels. C’est ainsi pour elles l’occasion d’initier un autre monde, bien différent. Leur choix s’est porté sur Corto Maltese, baroudeur aussi libre que mystérieux, héro du bédéiste Hugo Pratt. C’est en se plongeant dans les aventures au long cours du personnage romantique que l’idée d’un jardin de port en port a émergé, leur permettant de voguer avec Corto. Aussi, la proue d’un bateau, ou la rose des vents étaient les indices marins indispensables pour pouvoir emmener les visiteurs au large. Le travail du dessin du jardin s’est fait naturellement, porté par les voyages respectifs de Juliette et d’Albane et les cases, très graphiques d’Hugo Pratt, induisant dès lors des atmosphères qui se répondent au jardin.
En pratique, les jeunes architectes ont dû apprendre à être à la barre : conduire des travaux, diriger une équipe et surtout s’adapter aux contraintes techniques et à la réalité du terrain. Au moment de leur arrivée sur la parcelle, seuls quelques éléments étaient déjà sortis de terre : le squelette de la proue du navire et la dune, monticule de terre y accédant. Tout était alors à construire, à mettre en scène sans pour autant naviguer à vue. L’échange avec le CFA et l’équipe des jardins de la Saline a aussi permis une belle cohésion, et une réflexion commune sur les solutions à adopter pour mener à bien cette aventure, en moins de trois jours seulement. Reconnaissantes du travail de chacun, et ravie de l’avancée des travaux, elles ont néanmoins pu faire l’épreuve du goût amer du travail inachevé, et on sent chez Albane et Juliette une grande hâte de retourner sur les lieux afin de constater les finitions du jardin qu’elles ont imaginé.
Nous les attendons donc sur le pont pour le 11 juin, lors de l’inauguration du Festival, avec presque l’envie de casser la bouteille de champagne sur la proue du navire, pour leur porter chance à toutes les deux ! Larguez les amarres !